Revue de presse
Dans les rues d’Ogre Street, Jonathan recherche l’antidote qui pourra sauver son père. Sur place, il en découd avec une bande de malfrats dirigée par l’énigmatique Speedwagon qui va vite reconnaître les qualités de gentilhomme de Jojo. Quant à Dio, ce dernier va découvrir les terrifiants pouvoirs du masque de pierre qui scelleront à jamais le destin des Joestar…
Après le premier volume, on pouvait bien se demander comment la série virerait dans les combats spectaculaires et le fantastique, et comment Jojo deviendrait la série d’action mythique qu’elle est à l’heure actuelle. La question trouve en partie réponse dans ce second tome qui continue de poser les bases de l’univers d’excellente manière. Ainsi, une très grande partie de cet opus se consacre à l’action, et plus précisément au premier duel qui opposera Dio à Jonathan, le charismatique vampire à la lignée Joestar. Sans le savoir, Araki venait de créer une rivalité qui transcendera les décennies.
Le tome ne laisse donc jamais le temps de souffler grâce au combat intense qui l’anime. Et bien que ce volume date de la fin des années 80, il n’en reste pas moins efficace à l’heure actuelle, ceci grâce au côté « série B » qui marque la série et s’avérait encore plus prononcé dans cette première partie. Ainsi, Dio est devenu un vampire et combat Jonathan dans un manoir en flammes. Le sang fuse, les rebondissements sont légion, des sacrifices ont lieu et l’héroïsme est au rendez-vous. Araki entretient ainsi un côté nanar complètement assumé, marqué par des dialogues parfois improbables et un dessin de l’auteur défiant les lois de la physique grâce à des proportions démesurées. Oui, ce tome est « bizarre », c’est le terme qui lui sied le mieux et quelle coïncidence, il marque aussi le titre de la série ! Si Hirohiko Araki est loin d’avoir implanté toutes les mécaniques clefs de sa saga, on y voit déjà là son désir de créer un manga à l’ambiance particulière mêlé à une esthétique improbable et des personnages qui le sont tout autant.
Nous remarquerons que pour ce premier arc, Araki emprunte énormément à l’univers du cinéma d’horreur. Par exemple, le cadre victorien est propice à ce genre d’ambiance très sombre, et lui associer le mythe du vampire n’a rien de très incohérent. Par ce héros brave qu’est Jonathan, la pourriture absolue qu’est Dio et cadres en permanence sombre, Araki exploite ce pan de la culture avec un certain génie pour nourrir sa propre atmosphère et doter son œuvre d’une identité d’ores et déjà bien marquée. Le mangaka a des sources d’inspiration peu conventionnelle pour du manga shônen, chose qui rend Jojo si particulier, ne serait-ce dans ce second volet.
On ne cessera de remercier Tonkam pour nous proposer les origines de l’un des plus longs manga qui soit, et l’un des plus cultes dans son genre. Globalement, la traduction et l’adaptation restent de bonne facture, nous retrouvons ainsi certains cris de guerre de Dio comme ses « Uryy » ou d’autres correctement adaptés. Mais ce n’est pas systématiquement le cas tant les mythiques « Muda muda » deviennent des « Tu perds ton temps », une adaptation somme toute correcte, mais qui ne convient pas à un titre si attaché aux mimiques verbales de ses protagonistes.
Jojo, c’est bizarre, oui. Ce second tome de la saga marque les orientations très nanar du récit, si bien que le spectacle défilant sous nos yeux, à la fois dramatique et spectaculaire, ne laisse pas indifférent. Le titre n’a pas encore montré tout son potentiel et il faudra attendre le prochain volume pour en savoir un peu plus des ambitions de la série. Néanmoins, la lutte contre Dio a officiellement commencé, et le combat des Joestar sera long.
(Critique de www.manga-news.com)Date de sortie : 27/08/2014